Cepsa et Repsol restent muets sur le pétrole controversé
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Les deux compagnies espagnoles qui exportent pratiquement tout le pétrole vers le Sahara Occidental occupé restent muettes.

06 mai 2024

Légende : Le pétrolier Med Blue Jay charge une cargaison de Cepsa à Carteya Guadarranque, près de Gibraltar, en février 2023.

Les compagnies pétrolières espagnoles Cepsa et Repsol sont les fournisseurs d'aumoins 84% de tous les produits pétroliers arrivés au Sahara Occidental occupé par bateau au cours de l'année civile 2023.

Western Sahara Resource Watch (WSRW) a comptabilisé 114 cargaisons expédiées dans le territoire l'année dernière. La quasi-totalité du pétrole provenait d'Espagne, le reste provenant des ports du Maroc (9,35% du total) ainsi qu'une seule cargaison (environ 2%) de Bulgarie.

WSRW estime le volume à un demi-million de tonnes, presque identique à celui des années précédentes.

Le calcul de cette estimation est basée sur les itinéraires de voyage de 23 navires différents qui sont très susceptibles d'avoir transporté de telles marchandises sur le territoire au cours de cette année. Les navires se sont arrêtés au total 83 fois à El Aaiún et 74 fois dans le port ou dans la rade de Dakhla. Certains des trajets d'importation comprenaient des escales dans les deux ports.

Les produits pétroliers sont indispensables au Maroc pour maintenir son occupation du territoire. Les produits pétroliers arrivant au Sahara Occidental servent principalement à alimenter les véhicules, moteurs et navires qui participent au pillage illégal du territoire, ou sont utilisés à des fins militaires par l'armée marocaine.

La quantité totale de pétrole transportée au Sahara Occidental occupé en 2023 est estimée à 505 000 tonnes. Le calcul est basé sur la taille de chaque navire et son itinéraire. De plus, les changements de tirants d'eau sont pris en compte. Un tirant d'eau est la distance entre la ligne de flottaison et le fond du navire, et les changements de cette distance indiquent le déchargement ou le chargement d'un navire.

En 2022, WSRW a demandé par courrier à Cepsa de commenter les cargaisons. La société a répondu "nous fournissons des hydrocarbures pour la distribution sur le territoire sahraoui, qui sont pleinement autorisés". La compagnie a répondu "nous ne commentons pas davantage", lorsque WSRW lui a demandé à quelles lois et institutions du pays elle faisait référence. WSRW a écrit à Cepsa en 2014, 2017 et 2018. Une courte réponse de la société le 8 novembre 2018 n'a pas répondu aux questions sur ce même point.

WSRW a écrit à Repsol le 21 février 2022. Le courrier n'a pas reçu de réponse.

Le volume de produits pétroliers expédiés au Sahara Occidental en 2023 est similaire à celui observé par WSRW pour les années 2022, 2021 et 2020, mais inférieur à celui rapporté par WSRW pour 2019. La diminution de 2019 à 2020 peut potentiellement être attribuée à une méthodologie WSRW plus conservatrice pour le calcul de la cargaison à bord des navires, appliquée à partir de 2020.

Comme les années précédentes, la compagnie maritime la plus impliquée est de loin la société française Sogestran, qui contrôle le pétrolier Mayoury. En 2023, l'entreprise représentait 21,6 % de tout le pétrole transporté sur le territoire. L'entreprise n'a répondu à aucun courrier de WSRW/APSO depuis 2017, y compris les courriers de 2020 et 2022.

2023 a été la première année enregistrée depuis 2010 sans la participation d’un seul navire suédo-norvégien. La participation suédo-norvégienne était autrefois assez important et a fait l’objet du rapport de WSRW "Le carburant de l’occupation" en 2014.

En 2023, un nouveau pétrolier marocain, Challah (OMI 9933913), a été mis en service.

Le navire a été construit en 2022 et a la même taille que le grand navire Mayoury. Sa première escale dans le territoire occupé a été observée le 22 janvier 2023.

En 2024, le Mayoury a été vendu à des intérêts très probablement marocains et a transféré son pavillon à Malte. Cette tendance fait suite aux rachats antérieurs par le Maroc de la flotte Wisby, propriété suédoise et battant pavillon norvégien, comme indiqué précédemment. En conséquence, les intérêts marocains contrôlent de plus en plus la flotte qui alimente l’occupation.

L'aperçu peut également être téléchargé ici. 


Il est possible que l’aperçu présenté ici ne soit pas complet et que certaines arrivées aient échappé à l’attention de WSRW. Il peut y avoir certaines inexactitudes dans le calcul de la cargaison de certains navires qui alimentent la flotte de pêche russe au large du Sahara Occidental, car les tirants d'eau sont parfois communiqués de manière erronée ou incohérente.

WSRW estime que Repsol est la source de 55,7 % du volume total exporté (depuis ses raffineries du port de Cartagena Escombreras), et Cepsa 28,7% du total (depuis les ports de Carteya Guadarranque, Huelva et Tenerife). En 2022, les deux compagnies avaient vendu à peu près le même volume de pétrole pour ces exportations.

L'implication de Repsol est donc bien plus importante que celle de Cepsa. WSRW ne sait pas clairement quelles entreprises exportatrices sont à l'origine des exportations de Las Palmas et d'Algéciras en Espagne, de Jorf Lasfar et de Tanger au Maroc. Les exportations à Varna en Bulgarie provenaient du terminal pétrolier de la société bulgare Naftex Petrol.

Le 23 pétroliers impliqués dans les transports pour l'année civile 2023 sont : Argan, Atlantis, Alicante, B. Atlantic, B.Sun, Bice Amoretti, Cathy Theresa, Cedar, Challah, Etrusco, Ft Sturla, Ginostra M, Karpathos, Kassos, Lamentin, Mayoury , Med Baltic, Med Blue Jay, Med Emre, Mt Bandirma, Nivar, River Oak, Tingis et Vs Salma.

Les pétroliers battent les pavillons suivants : Malte (7), Maroc (4), Îles Marshall (3), Italie (3), Chypre (2), Danemark (1), France (1), Panama (1) et Turquie (1)

WSRW a dressé un aperçu similaire des exportations de pétrole pour les années civiles 2022, 2021, 2020 et 2019.

 

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